Le bon temps des rois mérovingiens

On les a dits incapables et cruels. Coincée entre le glorieux Empire romain et la renaissance carolingienne, leur dynastie fait souvent pâle figure. Qui étaient vraiment ces rois francs qui, en deux siècles jetèrent les bases d’une solide construction politique ?


La dynastie mérovingienne a bien mauvaise réputation : entre les reines meurtrières et les rois mal culottés, on peine à y trouver une figure présentable.

Les rois fainéants

Cette légende noire remonte en premier lieu à Grégoire de Tours, le grand chroniqueur du VI° siècle, qui se complaît à rapporter les crimes de ces rois francs. Il est vrai que l’évêque de Tours considère les mauvais rois comme autant de châtiments que Dieu déchaîne contre les pécheurs. Aussi insiste-t-il sur les vices des souverains pour mieux appeler leurs sujets à la vertu. La véritable damnatio memoriae des Mérovingiens demeure cependant l’œuvre d’Eginhard. Ami de Charlemagne et auteur de la première biographie de l’empereur, il invente au début du IX° siècle l’image repoussante des « rois fainéants » : faibles voire incapables, les mérovingiens auraient mérité d’être déposés en 751.

Pourtant, il suffirait de changer de point de vue pour que les premiers rois francs retrouvent meilleur allure. Prenons par exemple Venance Fortunat, poète italien qui réside en Gaule entre 566 et 600. Sa correspondance nous apprend que la passion secrète du conquérant Childebert I° (511-558) était greffe des arbres fruitiers et que la reine Radegonde (morte en 587) aimait réaliser des compositions florales. Et loin de s’entraîner sans cesse à la francisque, les jeunes princes mérovingiens taquinaient tantôt la muse, tantôt le saumon. Le témoignage de Fortunat n’est pas isolé, puisqu’un manuscrit nous a conservé les vers raffinés que le roi Chilpéric (561-584) composa en l’honneur de saint Médard. Ce même Chilpéric proposa en outre une réforme de l’alphabet pour permettre à l’écrit de suivre les évolutions de la langue latine.

Despotes cruels ou monarques éclairés ? Dès le XVIII° siècle, un débat fait rage entre les historiens sur le comportement des rois francs. A la suite de Montesquieu, beaucoup considèrent les Mérovingiens comme des guerriers sortis de la Germanie primitive et ont tendance à insister sur leur violence atavique. Face à eux, quelques originaux, comme l’abbé Dubos ou Fustel de Coulanges, voient plutôt dans les Francs les héritiers politiques de Rome. Ces Barbares auraient ainsi pu avoir le goût du droit et des arts. Même dépouillée de ses a priori nationalistes, la controverse entre « germanistes » et « romanistes » reste encore vive aujourd’hui.

Pour comprendre les Mérovingiens, peut-être faudrait-il connaître leur origine. Les sources manquent malheureusement. L’ancêtre éponyme de la famille, Mérovée, demeure une figure très obscure du V° siècle ; il n’est d’ailleurs considéré comme le fondateur de la lignée qu’à partir du milieu du VII° siècle.


Bruno Dumézil, article « Le bon temps des rois mérovingiens », revue l’Histoire n°358, Novembre 2010, page 40.

Chilpéric 1° roi des Francs

De Mérovée à Clovis : les Fondateurs

Ce mystérieux Mérovée porte un nom germanique, mais cela ne fait pas nécessairement naître la royauté franque outre-Rhin. Nombreux sont en effet les Germains qui servent Rome comme mercenaires depuis le IV° siècle ; le Franc Mérobaude fut même honoré du consulat en 377 et 383. Or on sait que beaucoup de généraux barbares au service de Rome s’inventèrent une dignité royale « ethnique » pour renforcer la domination qu’ils exerçaient sur des troupes très composites.

Que les ancêtres des Mérovingiens aient pris le titre de roi en Germanie ou dans l’empire importe finalement assez peu. Car, dès le milieu du V° siècle, les dirigeants francs sont fortement romanisés. En 451, ils se rangent même aux côtés des armées impériales pour défendre la Gaule contre Attila. Comptés comme des « fédérés », c’est-à-dire comme les Barbares ayant passé un traité d’alliance foedus, les roitelets francs occupent en toute légalité le nord de la Gaule.

C’est alors qu’apparaît Childéric (mort en 481), premier roi mérovingien dont l’existence se trouve attestée en toute certitude. Son pouvoir, bien modeste, s’étend du sud de la Belgique actuelle à la région de Reims. Dans sa tombe, à Tournai, on a retrouvé des chevaux sacrifiés selon la coutume germanique, mais également des objets précieux offerts par Byzance. Au moment des funérailles, les Mérovingiens ont ainsi tenu à apparaître comme de véritables dirigeants francs, mais aussi comme les fidèles serviteurs de l’empereur. Pendant encore un siècle, leurs descendants continuent de s’intituler « rois » vis-à-vis de leurs sujets, même s’ils donnent du « notre père » au maître de Constantinople.

La tombe de Childéric présente une seconde originalité : le Mérovingien a été inhumé avec plus de faste qu’un général romain ou qu’un chef barbare. Cette outrance dans le décorum funéraire est aujourd’hui interprétée comme le signe d’inquiétude : la famille de Childéric aurait tenté de faire assaut de prestige pour démontrer sa position dominante à un moment où cette suprématie n’avait rien d’assuré. De fait, Childéric n’était pas le seul roi des Francs ; d’autres résidaient à Cambrai et sur les bords du Rhin. Le fils de Childéric Clovis (481-511), occupe une partie de son règne à éliminer les familles concurrentes. Il faut attendre le début du VI° siècle pour que les Mérovingiens deviennent l’unique race royale pour leur peuple.

Le règne de Clovis s’avère fondateur à de nombreux titres. D’abord, il voit un accroissement considérable du territoire contrôlé par les Francs, qui s’étend désormais au Bassin parisien, à l’Aquitaine et à la moyenne vallée du Rhin. Cette dilatation pose des problèmes d’administration qui obligent le roi des Francs à sortir de son rôle de simple chef de guerre. On devine par exemple le développement d’une fonction publique, qui vient doubler l’ancien réseau des fidèles du roi. Par ailleurs, la conversion de Clovis au catholicisme, dont la date est maintenant située peu après 500, favorise un rapprochement entre les Francs et les aristocrates gallo-romains.  Dans un même esprit, une nouvelle culture matérielle commence en outre à voir le jour ; celle-ci permet à toutes les élites de se retrouver autour des modes diffusées par la royauté mérovingienne. Enfin, Clovis semble pouvoir donner une dimension politique à la domination militaire qu’il exerce. En rassemblant à Orléans en 511 un premier concile national, il se présente en maître d’un véritable royaume.

Bruno Dumézil, article « Le bon temps des rois mérovingiens », revue l’Histoire n°358, Novembre 2010, page 42-44.


BURGONDIE, AUSTRASIE, NEUSTRIE 1

A la mort de Clovis, cette même année 511, Grégoire de Tours affirme que ses quatre fils (Thierry, Clodomir, Clotaire I° et Childebert 1°) se partagèrent ses Etats. Les modalités de cette division du royaume ont fait l’objet de multiples débats. Certains travaux ont même mis en cause son historicité. Il demeure que de multiples recompositions territoriales, bien attestées, ont lieu à partir des années 250. Elles se poursuivent jusqu’à ce que Clotaire 1° parvienne à réunifier le royaume en 558.

A la mort de ce dernier, en 561, un nouveau partage a lieu entre ses quatre fils (Charibert, Gontran, Sigebert 1° et Chilpéric). La disparition rapide de l’aîné simplifie bientôt la donne. Dans les années 570, un équilibre se forme ainsi entre trois entités territoriales, trois « royaumes » mérovingiens que l’on commence à désigner sous les noms de Burgondie, Austrasie et Neustrie. Malgré de multiples redécoupages, ce système tripolaire se maintient jusqu’en 613, date à laquelle Clotaire II de Neustrie parvient à nouveau à réunifier le monde franc.

Les grands partages mérovingiens ont souvent été jugés avec sévérité : des rois qui divisent le royaume à chaque succession comme on le ferait d’un lot de petites cuillers ne doivent pas avoir le sens de l’Etat. La « patrimonialité de la chose publique » fut même tenue pour l’une des traditions germaniques véhiculées par la famille mérovingienne. Or, depuis quelques années, beaucoup de voix appellent à la prudence : si le partage du royaume constitue une pratique ancestrale, comment expliquer que les sources n’évoquent aucune division successorale antérieure à 511 ? En outre, pourquoi tous les auteurs continuent-ils d’évoquer un unique regnum Francorum (« royaume des Francs ») lorsque le territoire se trouve partagé entre trois ou quatre rois ?

Mieux vaut donc réfléchir différemment. D’abord, que partage-t-on vraiment ? Les récits des successions de même que les actes des conciles montrent que chaque roi reçoit une série de cités et de places fortes qui ne forment que rarement un territoire d’un seul tenant. L’important semble avoir été que chaque Mérovingien dispose d’une capitale (Reims, Paris, Orléans…) dans une zone sûre (entre la Loire et la Moselle), qu’il puisse exploiter des terres fournissant de bons revenus (en Aquitaine ou en Provence) et qu’il garde une frontière active (contre les Lombards, les Wisigoths ou les Saxons). La partition du territoire peut ainsi être considérée comme un mode de mise en défense de l’immense espace francs : chaque roi dispose des bases et des moyens pour répondre rapidement à toute agression extérieure. Si l’on est moins irénique, mieux vaut peut-être dire que couvrir plusieurs fronts permet de multiplier les conquêtes. De fait, la superficie du monde franc double entre la mort de Clovis et la fin du VI° siècle.


Bruno Dumézil, article « Le bon temps des rois mérovingiens », revue l’Histoire n°358, Novembre 2010, page 44.


BURGONDIE, AUSTRASIE, NEUSTRIE 2

En second lieu, l’usage du partage successoral ne signifie pas nécessairement que l’Etat soit considéré comme un patrimoine ordinaire. Les Mérovingiens entretiennent en effet une liste précise des terres publiques, que l’on continue d’appeler les « fiscs » comme c’était le cas à Rome. Beaucoup de ces propriétés sont d’ailleurs d’anciens domaines de l’empereur d’Occident. Au moment de chaque succession, les Francs savent faire la distinction entre les fiscs et les biens privés du défunt : les terres publiques « n’appartiennent » par à un roi ; celui-ci n’en est que le gardien et le gestionnaire. Dans ces conditions, la permanence des fiscs assure la continuité de l’Etat franc, par-delà les divisions ou les réunifications.

Troisièmement, les divisions politiques mérovingiennes ne conduisent jamais à une exploration territoriale, comme ce sera le cas du monde carolingien après le partage de Verdun de 843. Cette permanence peut en partie s’expliquer par la confiance des sujets en l’unité profonde du regnum Francorum. L’étude des testaments montre en effet que les aristocrates possèdent des biens dispersés en Austrasie, en Neustrie et en Burgondie, même lorsque ces espaces sont gouvernés par des rois différents. Dans ce cadre, les intérêts patrimoniaux des grandes familles sont gages de solidarités interrégionales ; ils facilitent aussi les éventuelles réunifications politiques.

On pourrait rétorquer que les partages mérovingiens demeurent des traumatismes majeurs. Il est vrai que Grégoire de Tours les considère comme la principale cause des guerres civiles qui ensanglantent les Gaules. Mais notre chroniqueur n’est-il pas trop proche des événements pour en prendre l’exacte mesure ? A Constantinople, dans les années 580, l’historien Agathias déclare sa profonde admiration pour les partages francs qui selon lui, ne dégénèrent jamais en cataclysme national. Le byzantin conclut même qu’il « en résulte que le pouvoir est solide, que les Francs observent les mêmes lois et qu’ils n’ont rien perdu de leurs possessions, mais en ont acquis bien davantage ».

Là où Grégoire de Tours juge selon des critères moraux, Agathias réfléchit en termes politiques. Il constate que les Francs disposent d’une dynastie royale stable et que c’est là une chance inouïe, en un temps où les usurpations ruinent le royaume wisigoth d’Espagne et menacent même parfois Byzance. Que cette dynastie soit héréditaire ne le choque pas. L’adoption du successeur par le souverain régnant, comme l’ont pratiqué les Antonins (96-192), décline dans l’Empire romain depuis le III° siècle et l’hérédité biologique constitue le meilleur facteur de légitimité. Evidemment, comme le doit romain ignore la primogéniture mâle, chaque héritier peur revendiquer une part de la succession. En 337, les trois fils de Constantin se sont ainsi réparti les provinces. En 395, les descendants de Théodose 1° ont fait de même. Les réunifications de l’empire, lorsqu’elles ont lieu, se déroulent dans la violence. Au demeurant, tant qu’une guerre civile ne sort pas de la famille, les dégâts que subit l’Etat restent mesurés. La partition successorale paraît donc un prix acceptable pour la continuité du pouvoir.


Bruno Dumézil, article « Le bon temps des rois mérovingiens », revue l’Histoire n°358, Novembre 2010, page 45-47.


HERITIERS DE ROME ?

Doit-on pour autant considérer les Mérovingiens comme purs continuateurs de l’Empire romain ? Il est certain qu’ils aiment être flattés en ces termes. En 566, le mariage du roi Sigisbert 1° d’Austrasie est décrit comme « digne des Césars ». Au même moment, son frère Chilpéric de Neustrie donne des jeux du cirque. Deux décennies plus tôt, un panégyriste enthousiaste affirmait même que le grand Théodobert 1° régnait sur un « empire » plutôt que sur un simple royaume. Quant au premier sanctuaire dynastique mérovingien, il est dédié aux saints-apôtres, comme la nécropole fondée par Constantin à Byzance.

L’imitation de Rome reste toutefois imparfaite. Car, en composant de la poésie précieuse ou en soignant leurs arbres fruitiers, les descendants de Clovis copient la seule culture romaine qu’ils connaissent, qui est celle des sénateurs gaulois. Or ces fins lettrés ressemblent fort peu aux empereurs romains tardifs, qui étaient pour la plupart des généraux balkaniques, bons stratèges mais assez peu dégrossis quant aux choses de l’esprit. Venance Fortunat remarque d’ailleurs que les Mérovingiens se montrent meilleurs latinistes que bien des Romains. Et ils ne sont pas les seuls à outrer leur comportement : pour copier les codes d’une civilisation impériale largement fantasmée, le roi des Ostrogoths Théodoric le Grand (493-526) cultive son jardin à Ravenne, tandis que le roi des Wisigoths Sisebut (612-621) écrit à Tolède un traité scientifique sur les éclipses de Lune.


Bruno Dumézil, article « Le bon temps des rois mérovingiens », revue l’Histoire n°358, Novembre 2010, page 47.


LA FIN D’UNE DYNASTIE 1

Après avoir fait assaut de romanité, le monde mérovingien change brutalement au VII° siècle. Ou peut-être devrait-on dire que ce sont nos sources qui changent. Car les genres littéraires antiques s’estompent, tandis que des formes plus « médiévales » se multiplient : chroniques régionales et vies des saints viennent ainsi remplacer les histoires universelles et les épitaphes versifiées. L’évolution semble affecter l’image de la royauté mérovingienne. Si Clotaire II (584-629) et son Fils Dagobert (629-639) parviennent à conserver la réputation de souverains efficaces, la plupart de leurs successeurs sont décrits comme des ivrognes, des assassins ou des hommes sous influence.

Ce tableau a sans doute une part de vérité. Au VII° siècle, les Mérovingiens sont en effet une famille au bord de l’extinction. Pour maintenir la continuité dynastique, les Francs doivent se résoudre à accepter de nombreuses minorités royales. Et comme les reines mères ne parviennent plus à tenir le pouvoir, quelques grands s’engouffrent dans la brèche et s’arrogent le titre de maire du palais : chefs de l’administration, ils nomment les fonctionnaires à la place du roi. Parallèlement, de nouveaux partages du royaume conduisent à l’émergence d’un fort régionalisme : par moments, les identités austrasiennes, neustrienne ou burgonde l’emportent sur le sentiment d’appartenance au regnum Francorum. Dans un tel contexte, les rois deviennent les jouets aristocratiques régionales ; et ceux qui tentent de s’émanciper doivent d’abord massacrer leur entourage. Dans tous les cas, leur image est ternie, car les établissements religieux où l’on compose de l’hagiographie sont tous contrôlés par les grands.


Bruno Dumézil, article « Le bon temps des rois mérovingiens », revue l’Histoire n°358, Novembre 2010, page 47-48.

Clotaire II


LA FIN D’UNE DYNASTIE 2

Pour autant, les attentes des sujets vis-à-vis de la dynastie mérovingienne restent intacts. Dans les années 640, un évêque anonyme écrit au jeune Sigebert III d’Austrasie (639-656) : « Sache que tu es le ministre de Dieu, institué à cette place par Lui pour que les hommes qui font le bien t’aient pour bienveillant auxiliaire, et pour que ceux qui font le mal sachent que tu es un puissant justicier. » Bien avant que les Carolingiens n’inventent le sacre, les Francs ont déjà le sentiment que leurs rois sont les lieutenants de Dieu sur la Terre. Et l’évêque d’ajouter des conseils en matière de culture, de morale et de bon gouvernement, afin que Sigebert III parvienne à égaler ses grands prédécesseurs du VI° siècle.

Des diplômes émis par la chancellerie franque sont conservés en quantité appréciable à partir de 650. Ils montrent que les rois rendent la justice, protègent l’Eglise et administrent les fiscs avec régularité. Les souscriptions manuscrites prouvent en outre que tous les Mérovingiens sont lettrés. C’est déjà mieux qu’un Charlemagne, qui, un siècle plus tard, se révélera incapable de tenir la plume. Quant à la puissance du maire du palais, elle apparaît moindre qu’on l’a longtemps crue en prêtant foi aux dires d’Eginhard. Un Mérovingien tardif comme Childebert III (696-711) se permet par exemple de condamner son maire du palais pour malversation financière. Bref, avant les années 730 et l’essor fulgurant de Charles Martel, l’autorité du roi reste réelle.


Bruno Dumézil, article « Le bon temps des rois mérovingiens », revue l’Histoire n°358, Novembre 2010, page 48.

LA FIN D’UNE DYNASTIE 3

En somme, le vieux débat entre « germanistes » et « romanistes » oublie qu’une dynastie n’est jamais prisonnière de ses origines, quelles qu’elles soient. Tout au long de leur histoire, les Mérovingiens se montrent pragmatiques, ce qui signifie qu’ils sont capables d’archaïsmes lorsqu’ils y trouvent intérêt, mais aussi d’innovations politiques radicales lorsque la société change autour d’eux. Cette capacité d’adaptation a longtemps été sous-estimée, de même que le haut niveau culturel que l’époque mérovingienne était parvenue à atteindre. Jusque dans les années 1980, tout texte du haut Moyen Age écrit dans une langue correcte était attribué aux Carolingiens. Il a fallu ainsi attendre les dernières analyses philologiques pour rendre au VII° siècle des œuvres de haute tenue comme la Vie de saint Eloi.

Vers l’An Mil, l’historien Aimoin de Fleury se posait déjà la question : comment cette sombre période que furent les premiers temps francs a-t-elle pu produire autant de grands rois et d’évêques éminents ? La réponse est peut-être que l’obscurité mérovingienne n’existe que face à la renaissance carolingienne, période assurément brillante, mais ô combien fugace !


Bruno Dumézil, article « Le bon temps des rois mérovingiens », revue l’Histoire n°358, Novembre 2010, page 48.

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